Portrait de nos collaborateurs

Isabelle, portrait d'une aidante atypique

portrait auxiliaire de vie

Nous mettons en lumière ceux qui sont, bien trop souvent, dans l’ombre. Les aidant.es, ne sont pas applaudis et pourtant leur métier est capital. Pour ce premier numéro, nous avons choisi de vous faire découvrir Isabelle qui travaille avec nous depuis janvier. Portrait d’une aidante atypique. 

Isabelle incarne l’amour maternel, ses paroles sont réconfortantes et sa présence vous entoure de bienveillance. Nous devrions toutes et tous côtoyer une personne comme Isabelle, ses réflexions aussi atypiques que intéressantes font naître des conversations censées, s’il y avait un mot pour qualifier Isabelle, ce serait bien l’authenticité.

Pourquoi travailles-tu en tant qu’aidante chez Handiscopik ?

J’aime les gens, j’aime profondément les gens.

Quel est ton parcours ?

Je suis une littéraire, j’ai obtenu à l’époque un Bac A1, par la suite, je me suis orientée vers une filière scientifique pour préparer un BTS en économie et social. En parallèle, j’ai passé le BAFA et le BAFD. J’aime beaucoup travailler auprès des gens, c’était ancré chez moi. J’ai également pu enseigner, puis, j’ai travaillé 20 ans dans un foyer d’accueil des travailleurs en ESAT. Dans le cadre de ce travail, il y avait l’accompagnement des personnes et également de l’animation d’ateliers, j’ai eu l’opportunité d’être formée dans l’accompagnement affectif et sexuel, j’ai aussi été formée par rapport au handicap à travers une formation en psychopathologie et psychopédagogie chez l’handicap adulte, l’accompagnement de l’autisme et une formation longue en programmation neuro-linguistique. 

On leur montre qu'en bougeant un tout petit peu, en réalisant un petit pas, on peut solutionner le problème.

Peux-tu m’en dire davantage sur cette formation en programmation neuro-linguistique ?

Le principe de la formation : on prend les gens là où ils sont, ils fonctionnent dans un système : les personnes rencontrent des difficultés qu’ils ne parviennent pas à résoudre, on les amène au petit pas de côté. On leur montre qu’en bougeant un tout petit peu, en réalisant un petit pas, on peut solutionner le problème.

Tu permets à la personne de prendre du recul ?

Je propose de modifier le regard que l’on peut avoir sur les choses. Souvent, on constate qu’un problème prend beaucoup d’énergie : en agissant sur une plus petite chose sans regarder le grand ensemble, cela va permettre de faire bouger l’ensemble sans que tout ne s’effondre. J’appelle cela la  politique des petits Pas. 

Cette formation est utile dans ton travail ?

Tous les jours, je l’utilise tous les jours. Pour entrer en lien avec les  personnes, pour comprendre comment les gens sont arrivés au niveau de la difficulté où ils sont, cette formation est inhérente à moi. Je mets aussi en mouvement tous les savoirs que j’ai pu acquérir, que ce soit des savoirs de formations, des savoirs de partage de vie et mon expérience professionnelle, car c’est un échange. Je mets tout cela à disposition auprès des gens que j’accompagne.

Ton travail, te permet-il de t’enrichir autant que tu enrichis les personnes accompagnées ?

Bien sûr, c’est un partage, c’est un échange. Je n’ai jamais eu l’ambition d’arriver chez une personne avec un étendard en disant : c’est moi qui sais. Non, je ne sais pas. Je ne vis pas votre vie, c’est votre vie, vous ; vous m’interpellez, car vous rencontrez des difficultés, on essaie de voir comment, moi, avec mon expérience, je peux amener à trouver des solutions : organisationnelles ou alors amener du lâcher prise ou encore du cadre.

Chaque situation est différente, et tu t'adaptes.

Oui, je suis très adaptable, c’est ce qui marche. Chacun fonctionne différemment, si je venais avec une solution toute faite, je ne suis pas sûre que cela marcherait. Ou bien à court terme.

Il faut rejoindre la personne là où elle est rendue, parfois, cela peut être très désarçonnant : nous sommes habitués à connaître des situations policées, ce n’est pas le cas dans notre métier.

L’adaptation, est-elle, selon toi, une qualité essentielle pour s’épanouir dans ton domaine ?

Oui, c’est essentiel. Il faut rejoindre la personne là où elle est rendue, parfois, cela peut être très désarçonnant : nous sommes habitués à connaître des situations policées, ce n’est pas le cas dans notre métier. Nous sommes souvent confrontés à des personnes en difficultés, par conséquent,  il y a beaucoup de noms d’oiseaux, de souffrance, tout cela peut mettre les intervenants en difficultés. Il ne faut pas les prendre en tant qu’individus, mais en tant que mal-être, cela ne nous est pas adressé. Il faut prendre en compte, que ces personnes ont la tête dans le guidon, elles ne peuvent plus émerger, c’est leur moyen de communication, il faut passer au-dessus et  les rejoindre à cet endroit, dans ce mode de fonctionnement, pour, progressivement, les amener vers quelque chose qui puisse leur amener de la paix dans l’environnement dans lequel ils évoluent.

As-tu un moment que tu as vécu, qui t’as émue ?

J’en ai tous les jours, tous les jours. Je me souviens de ma dernière intervention avec une petite fille, j’ai ri aux éclats. On faisait notre balade que l’on a ritualisée, arrivées à la maison : elle n’avait plus de chaussures, (c’est une enfant qui ne marche pas et possède une poussette médicalisée), elle rigolait aux éclats, l’air de dire “je t’ai eue !’. A ce moment précis, nous n’étions plus dans une relation d’encadrement, nous étions côte à côte. Je me suis dit “ça y est nous sommes ensemble, nous avons tissé une complicité »

Moi, je vois la personne, depuis toujours, je ne vois pas le handicap.

Est-ce compliqué d’établir une relation avec des personnes en situation de handicap ?

Moi, je vois la personne, depuis toujours, je ne vois pas le handicap, je vois la personne et je m’adapte. Je rejoins la personne là où elle est. Dans un second temps, je vois les difficultés et je me positionne comme une facilitatrice pour l’aider dans les domaines qui le nécessitent.

Dans notre métier, il faut pouvoir faire l’effort inverse, quand vous réussissez à mettre en place des passerelles entre le monde de la personne qui demande de l’aide et le nôtre, c’est à ce moment-là que l’on rentre dans une humanité.

Aux futures générations qui vont exercer un jour ton métier, as-tu un conseil à leur donner ?

C’est une chance de vivre avec des personnes différentes. Il faut savoir que ce sont toujours ces personnes qui doivent faire des efforts pour rejoindre les personnes dites “normales” et pour s’intégrer. 

Dans notre métier, il faut pouvoir faire l’effort inverse, quand vous réussissez à mettre en place des passerelles entre le monde de la personne qui demande de l’aide et le nôtre, c’est à ce moment-là que l’on rentre dans une humanité. À vrai dire, c’est très compliqué, cela demande un effort constant, de tous les côtés, d’où la nécessité d’étudier, de se former, d’entrer en relation avec d’autres personnes ayant une expertise. Mais qu’est-ce-que c’est beau l’échange dans ce métier.